Médias d’État : « Pour convaincre, il faut comprendre les codes culturels de la cible » (F-B. Huyghe)

Date

14 août 2020

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Résumé

Quelques jours après la décision de Twitter de libeller les « state-backed medias », François-Bernard Huyghe, Président de l’Observatoire stratégique de l’Information, décrypte la manière dont les médias d’Etat cherchent à influencer les opinions d’autres pays.

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14 août 2020

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Résumé

Quelques jours après la décision de Twitter de libeller les « state-backed medias », François-Bernard Huyghe, Président de l’Observatoire stratégique de l’Information, décrypte la manière dont les médias d’Etat cherchent à influencer les opinions d’autres pays.

Depuis quand les médias d’Etat destinés à des opinions publiques étrangères (en anglais : les « state-backed medias ») sont-ils entrés dans la panoplie habituelle du soft power, y compris pour des puissances de second ordre ?

François-Bernard Huyghe : Il faudrait remonter à Radio Vatican (1931), radio internationale d’influence (fût-elle apostolique). Pendant la guerre froide, les services de l’US Information Agency créent des radios anticommunistes émettant au-delà du rideau de fer dans les langues des pays socialistes : Voice of America, Radio Freedom, puis Radio Marti (contre Fidel Castro). Cela s’appelle de la « diplomatie publique ». Tout cela avec l’argent du contribuable et sous direction des services d’État.

Mais il n’y a pas de monopole U.S. : pendant ma jeunesse, Radio Pékin et Radio Tirana faisaient des appels enflammés aux révoltes prolétariennes en français. Pas très efficace. Et puis quand CNN international (après 1985) est devenue la chaîne des élites mondiales anglophones, beaucoup se sont dit au Département d’État que ce n’était pas la peine de financer un travail idéologique que le privé faisait magnifiquement (surtout pendant les guerres).

Disons que c’est le passage de la diplomatie publique plus stratégique à l’exploitation du soft power plus spontané.

Globalement, ce type de médias d’État a trois fonctions. Fonction propagande classique (dire du bien de son pays ou de son idéologie), pudiquement on parlera d’une « vitrine » authentique de son système sur lequel les malheureux étrangers soumis à la censure seraient mal informés. Fonction contraste : on offre à un public soumis à un contrôle étatique sur la communication ou à une sorte d’unanimité de ses médias nationaux, l’occasion de découvrir d’autres contenus (y compris musicaux, culturels, etc.) pour l’attirer et marquer sa différence. Fonction dénonciation : favoriser l’opposition idéologique dans une zone sous influence adverse, donner une voix à ceux qui critiquent le pouvoir.

L’appropriation des nouveaux moyens mis à disposition par le numérique s’est-elle faite naturellement par ces acteurs ? Comment en ont-ils tiré profit pour étendre leurs audiences et renouveler leurs leviers d’influence ?

F-B. H. : Dès les années 90, les think tanks théorisaient la désinformation numérique et la contre-désinformation (la contre-désinformation, c’est quand nous parlons, nous) et pensaient au pouvoir de la communication en réseaux, remontante. Pour ceux qui n’avaient pas compris, le printemps arabe a montré le pouvoir des médias sociaux pour mobiliser les foules dans la rue, répandre des thèmes et slogan, se coordonner et faire remonter de l’information. Les gouvernements Occidentaux et toutes sortes d’ONG ont adhéré à l’idée qu’il suffisait de donner des outils techniques (bonne cryptologie, outils d’anonymisation et de connexion en cas de coupure du Net par les autorités, accès à des plateformes) plus quelques recettes aux activistes 2.0 (du type manuel de l’Albert Einstein Institution ou cours de l’Open Society). Du coup, on croyait que les « jeunes » allaient partout renverser les régimes autoritaires mal adaptés aux nouvelles technologies, faire des révolutions 2.0 et propager les valeurs occidentales d’ouverture. Donnez-leur Facebook et de la bande passante et le monde deviendra libéral, friends et followers de tous les pays, unissez-vous derrière vos smartphones…

Jusqu’au moment où tout le monde a découvert que les illibéraux, populistes, souverainistes, gilets jaunes et assimilés en tout genre utilisaient aussi les réseaux contre le Système. Depuis cinq ans environs, on parle au contraire des ingérences russes (ou autres) dans le processus démocratique via des médias de propagande type Russia Today, plus des fake news, plus des faux comptes, plus des trolls, plus des hackers, plus des réseaux idéologiques favorables, plus des services secrets d’influence… La main de Moscou étant présumée derrière tout cela, il a fallu en rabattre les prédictions utopiques qui voyaient dans les réseaux sociaux (tous vers tous, transfontaliers…) quelque chose d’intrinsèquement démocratique au sens occidental. Voire des outils à faire des révolutions libérales sans parti, sans idéologie, sans leaders et sans violence…

Si les labels de Twitter semblent en premier lieu viser la Chine et la Russie, de nombreux autres pays comme la Turquie, les pays du Golfe ou les puissances occidentales sont aussi derrière des médias étatiques visant la France, souvent peu connus du grand public, mais qui produisent de l’information à des fins d’influence. Comment expliquer le relatif désintérêt dont ces derniers font l’objet ?

« Un grand nombre de pays se dotent de chaînes d’information émettant vers l’étranger, et pratiquent l’influence en ligne soit très ouvertement soit par « proxys », des groupes idéologiquement motivés, des agences d’influence, des groupes de hackers, agissant plus ou moins sous masque et pas très légalement. »

F-B. H. : Un grand nombre de pays se dotent de chaînes d’information émettant vers l’étranger (ne serait-ce que pour garder le contact avec leur diaspora ou pour des raisons de prestige), et pratiquent l’influence en ligne soit très ouvertement (comptes officiels) soit par « proxys », des groupes idéologiquement motivés, des agences d’influence, des groupes de hackers, agissant plus ou moins sous masque et pas très légalement.

Les raisons pour lesquelles la Russie et maintenant de plus en plus la Chine sont stigmatisées par les gouvernements et les GAFAM sont géopolitiques et idéologiques. Elles sont considérées, surtout dans les milieux atlantistes, comme les deux puissances « révisionnistes » (remettant en cause l’ordre global du monde) et idéologiquement agressives, soutenant des partis ou des groupes, cherchant à saper la confiance dans nos « valeurs » démocratiques, etc.

Le compte Twitter de l’ambassade de Chine en France, qui relaie de l’information officielle s’est attiré les railleries des internautes en raison des décalages culturels profonds avec son audience française. Dans le même temps, RT et Sputnik, qui disposent de rédactions françaises, se sont imposées dans le débat public comme des sources influentes. Le facteur de succès pour ces médias n’est-il pas justement d’effacer au maximum leur origine étrangère ?

En dépit du charme de la jolie animatrice du compte Twitter de l’ambassade qui vante les merveilles de son pays, l’offensive de séduction en ligne de Pékin patine un peu. Elle vise à a) réfuter toute responsabilité chinoise dans la propagation du Covid-19, b) montrer l’efficacité du pays dans la lutte contre la pandémie et en général et c) donner l’image d’un pays à la fois beau et prospère, multilatéral et prêt à apporter une aide internationale, sanitaire en particulier. Il ne suffit pas d’avoir de bons vecteurs techniques, de bons geeks et un narratif d’État cohérent, encore faut-il comprendre les codes culturels de la cible. Ne pas faire kitsch ou autoritaire-vieillot, par exemple. Mais je suis sûr que les Chinois vont très vite comprendre et s’adapter.

RT et Sputnik, qui ont des rédactions françaises très professionnelles, se sont plus donnés une image non conformiste ou critique qui leur vaut autant de sympathies chez les Gilets jaunes que chez des intellectuels. Ils jouent visiblement le contraste avec l’information unique et la pensée unique, sur le thème « nous vous dévoilons ce dont les autres ne parlent pas ». Cela marche et pas seulement en France (voir RT en espagnol). Mais cela ne marche que dans la mesure où une partie de la population, de type bloc populaire, est persuadée que les médias mainstream leur cachent la gravité de la situation et sont au service d’intérêts financiers, politiques et idéologiques.

À l’instar des cyberattaques qui sont aujourd’hui assimilées à des actes de guerre, le cadrage défavorable d’une information par un média d’État ou toute menée d’influence par ce biais est-il en passe d’être compris comme une nouvelle forme d’agression ?

F-B. H. : C’est une idée qui a été popularisée par des nostalgiques de la guerre froide à Washington, puis vite théorisée, notamment par des néoconservateurs : les Russes qui sont l’ennemi par essence nous mènent une guerre hybride : tantôt des interventions militaires, tantôt le soutien à des groupes armés, tantôt l’attaque « spirituelle » par l’information (on parle de « weaponization » de l’information, son utilisation comme arme. Qu’il s’agisse de piratage informatique, de réseaux humains, de propagande (type Russia Today), de diffusion de théories ou fausses informations (fakes)…, l’adversaire mènerait une stratégie de subversion au sens où il créerait de la confusion et où il saperait la confiance des populations dans les valeurs démocratiques… Donc ce serait aussi grave qu’une attaque physique (surtout si l’on range dans les attaques par l’information les sabotages informatiques qui peuvent détraquer des systèmes de régulation comme les banques ou l’énergie). Du coup, cette vieille rhétorique sur les « subversifs » qui pourissent les esprits permet d’expliquer des faits politiques gênants comme l’élection de Trump ou le Brexit : c’est une ingérence étrangère menée par écrans interposés. Caramba ! Les soubversivos, comme disaient les généraux latino-américains dans les bandes dessinées.

Vu les déclarations de Macron sur les ingérences russes, sur les influences numériques que subiraient les gilets jaunes et sur la désinformation dont seraient victimes les Français, je crains que notre président n’adhère un peu à cette thèse. Qui n’est pas à mes yeux la plus intelligente du monde ?

Depuis quand les médias d’Etat destinés à des opinions publiques étrangères (en anglais : les « state-backed medias ») sont-ils entrés dans la panoplie habituelle du soft power, y compris pour des puissances de second ordre ?

François-Bernard Huyghe : Il faudrait remonter à Radio Vatican (1931), radio internationale d’influence (fût-elle apostolique). Pendant la guerre froide, les services de l’US Information Agency créent des radios anticommunistes émettant au-delà du rideau de fer dans les langues des pays socialistes : Voice of America, Radio Freedom, puis Radio Marti (contre Fidel Castro). Cela s’appelle de la « diplomatie publique ». Tout cela avec l’argent du contribuable et sous direction des services d’État.

Mais il n’y a pas de monopole U.S. : pendant ma jeunesse, Radio Pékin et Radio Tirana faisaient des appels enflammés aux révoltes prolétariennes en français. Pas très efficace. Et puis quand CNN international (après 1985) est devenue la chaîne des élites mondiales anglophones, beaucoup se sont dit au Département d’État que ce n’était pas la peine de financer un travail idéologique que le privé faisait magnifiquement (surtout pendant les guerres).

Disons que c’est le passage de la diplomatie publique plus stratégique à l’exploitation du soft power plus spontané.

Globalement, ce type de médias d’État a trois fonctions. Fonction propagande classique (dire du bien de son pays ou de son idéologie), pudiquement on parlera d’une « vitrine » authentique de son système sur lequel les malheureux étrangers soumis à la censure seraient mal informés. Fonction contraste : on offre à un public soumis à un contrôle étatique sur la communication ou à une sorte d’unanimité de ses médias nationaux, l’occasion de découvrir d’autres contenus (y compris musicaux, culturels, etc.) pour l’attirer et marquer sa différence. Fonction dénonciation : favoriser l’opposition idéologique dans une zone sous influence adverse, donner une voix à ceux qui critiquent le pouvoir.

L’appropriation des nouveaux moyens mis à disposition par le numérique s’est-elle faite naturellement par ces acteurs ? Comment en ont-ils tiré profit pour étendre leurs audiences et renouveler leurs leviers d’influence ?

F-B. H. : Dès les années 90, les think tanks théorisaient la désinformation numérique et la contre-désinformation (la contre-désinformation, c’est quand nous parlons, nous) et pensaient au pouvoir de la communication en réseaux, remontante. Pour ceux qui n’avaient pas compris, le printemps arabe a montré le pouvoir des médias sociaux pour mobiliser les foules dans la rue, répandre des thèmes et slogan, se coordonner et faire remonter de l’information. Les gouvernements Occidentaux et toutes sortes d’ONG ont adhéré à l’idée qu’il suffisait de donner des outils techniques (bonne cryptologie, outils d’anonymisation et de connexion en cas de coupure du Net par les autorités, accès à des plateformes) plus quelques recettes aux activistes 2.0 (du type manuel de l’Albert Einstein Institution ou cours de l’Open Society). Du coup, on croyait que les « jeunes » allaient partout renverser les régimes autoritaires mal adaptés aux nouvelles technologies, faire des révolutions 2.0 et propager les valeurs occidentales d’ouverture. Donnez-leur Facebook et de la bande passante et le monde deviendra libéral, friends et followers de tous les pays, unissez-vous derrière vos smartphones…

Jusqu’au moment où tout le monde a découvert que les illibéraux, populistes, souverainistes, gilets jaunes et assimilés en tout genre utilisaient aussi les réseaux contre le Système. Depuis cinq ans environs, on parle au contraire des ingérences russes (ou autres) dans le processus démocratique via des médias de propagande type Russia Today, plus des fake news, plus des faux comptes, plus des trolls, plus des hackers, plus des réseaux idéologiques favorables, plus des services secrets d’influence… La main de Moscou étant présumée derrière tout cela, il a fallu en rabattre les prédictions utopiques qui voyaient dans les réseaux sociaux (tous vers tous, transfontaliers…) quelque chose d’intrinsèquement démocratique au sens occidental. Voire des outils à faire des révolutions libérales sans parti, sans idéologie, sans leaders et sans violence…

Si les labels de Twitter semblent en premier lieu viser la Chine et la Russie, de nombreux autres pays comme la Turquie, les pays du Golfe ou les puissances occidentales sont aussi derrière des médias étatiques visant la France, souvent peu connus du grand public, mais qui produisent de l’information à des fins d’influence. Comment expliquer le relatif désintérêt dont ces derniers font l’objet ?

« Un grand nombre de pays se dotent de chaînes d’information émettant vers l’étranger, et pratiquent l’influence en ligne soit très ouvertement soit par « proxys », des groupes idéologiquement motivés, des agences d’influence, des groupes de hackers, agissant plus ou moins sous masque et pas très légalement. »

F-B. H. : Un grand nombre de pays se dotent de chaînes d’information émettant vers l’étranger (ne serait-ce que pour garder le contact avec leur diaspora ou pour des raisons de prestige), et pratiquent l’influence en ligne soit très ouvertement (comptes officiels) soit par « proxys », des groupes idéologiquement motivés, des agences d’influence, des groupes de hackers, agissant plus ou moins sous masque et pas très légalement.

Les raisons pour lesquelles la Russie et maintenant de plus en plus la Chine sont stigmatisées par les gouvernements et les GAFAM sont géopolitiques et idéologiques. Elles sont considérées, surtout dans les milieux atlantistes, comme les deux puissances « révisionnistes » (remettant en cause l’ordre global du monde) et idéologiquement agressives, soutenant des partis ou des groupes, cherchant à saper la confiance dans nos « valeurs » démocratiques, etc.

Le compte Twitter de l’ambassade de Chine en France, qui relaie de l’information officielle s’est attiré les railleries des internautes en raison des décalages culturels profonds avec son audience française. Dans le même temps, RT et Sputnik, qui disposent de rédactions françaises, se sont imposées dans le débat public comme des sources influentes. Le facteur de succès pour ces médias n’est-il pas justement d’effacer au maximum leur origine étrangère ?

En dépit du charme de la jolie animatrice du compte Twitter de l’ambassade qui vante les merveilles de son pays, l’offensive de séduction en ligne de Pékin patine un peu. Elle vise à a) réfuter toute responsabilité chinoise dans la propagation du Covid-19, b) montrer l’efficacité du pays dans la lutte contre la pandémie et en général et c) donner l’image d’un pays à la fois beau et prospère, multilatéral et prêt à apporter une aide internationale, sanitaire en particulier. Il ne suffit pas d’avoir de bons vecteurs techniques, de bons geeks et un narratif d’État cohérent, encore faut-il comprendre les codes culturels de la cible. Ne pas faire kitsch ou autoritaire-vieillot, par exemple. Mais je suis sûr que les Chinois vont très vite comprendre et s’adapter.

RT et Sputnik, qui ont des rédactions françaises très professionnelles, se sont plus donnés une image non conformiste ou critique qui leur vaut autant de sympathies chez les Gilets jaunes que chez des intellectuels. Ils jouent visiblement le contraste avec l’information unique et la pensée unique, sur le thème « nous vous dévoilons ce dont les autres ne parlent pas ». Cela marche et pas seulement en France (voir RT en espagnol). Mais cela ne marche que dans la mesure où une partie de la population, de type bloc populaire, est persuadée que les médias mainstream leur cachent la gravité de la situation et sont au service d’intérêts financiers, politiques et idéologiques.

À l’instar des cyberattaques qui sont aujourd’hui assimilées à des actes de guerre, le cadrage défavorable d’une information par un média d’État ou toute menée d’influence par ce biais est-il en passe d’être compris comme une nouvelle forme d’agression ?

F-B. H. : C’est une idée qui a été popularisée par des nostalgiques de la guerre froide à Washington, puis vite théorisée, notamment par des néoconservateurs : les Russes qui sont l’ennemi par essence nous mènent une guerre hybride : tantôt des interventions militaires, tantôt le soutien à des groupes armés, tantôt l’attaque « spirituelle » par l’information (on parle de « weaponization » de l’information, son utilisation comme arme. Qu’il s’agisse de piratage informatique, de réseaux humains, de propagande (type Russia Today), de diffusion de théories ou fausses informations (fakes)…, l’adversaire mènerait une stratégie de subversion au sens où il créerait de la confusion et où il saperait la confiance des populations dans les valeurs démocratiques… Donc ce serait aussi grave qu’une attaque physique (surtout si l’on range dans les attaques par l’information les sabotages informatiques qui peuvent détraquer des systèmes de régulation comme les banques ou l’énergie). Du coup, cette vieille rhétorique sur les « subversifs » qui pourissent les esprits permet d’expliquer des faits politiques gênants comme l’élection de Trump ou le Brexit : c’est une ingérence étrangère menée par écrans interposés. Caramba ! Les soubversivos, comme disaient les généraux latino-américains dans les bandes dessinées.

Vu les déclarations de Macron sur les ingérences russes, sur les influences numériques que subiraient les gilets jaunes et sur la désinformation dont seraient victimes les Français, je crains que notre président n’adhère un peu à cette thèse. Qui n’est pas à mes yeux la plus intelligente du monde ?

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